BARTHELEMY TOGUO
Du 31mars au 30 juin 2015

Vernissage : 31 mars à partir de 17h30 avec Barthélémy Toguo.

PERFORMANCE DE l’ARTISTE – SOIR DU VERNISSAGE
Le soir du vernissage, Barthélémy Toguo fera une performance autour de la thématique « AFRICA ». A travers une mise en scène travaillée, il réalisera une carte de l’Afrique avec des débris de verre, qu’il brisera avec force le soir même.

Costume noir, chemise blanche et cravate rouge, debout devant un micro sur fond de carte de l’Afrique, il a tout d’un président en campagne. La tête nue dépassant d’un container peint en blanc et frappé des mots « AFRIKA OIL ? », il tient en bouche une bouteille d’eau en plastique, vide. Vêtu d’une combinaison et d’un casque blancs, il déverse au sol le contenu de différentes poubelles pour dessiner une carte du continent africain. S’il affectionne le mode de la performance, il réalise toute une production de dessins, d’estampes, de sculptures, de vidéos et d’installations dont les images portent la même charge engagée. La démarche de Barthélémy Toguo est fondamentalement altruiste. A l’instar de ce que disait Picasso revendiquant le fait qu’un artiste est d’abord et avant tout « un être politique », Toguo pourrait reprendre à son compte les paroles de son aîné : « Comment est-il possible de se désintéresser des autres hommes, et en vertu de quelle nonchalance ivoirine, pourrait-on se détacher d’une vie qu’ils vous apportent si copieusement ? »
En éveil constant, Barthélémy Toguo est un artiste nomade, boulimique et impatient. Tout en se nourrissant aux sources les plus profondes de sa culture, son art fait écho aux déchirants et ardents événements du monde. Il en transcende le caractère singulier pour les ériger en sémaphores universels. Quelle que soit la forme qu’elle prenne, son œuvre réside pour l’essentiel dans le recours à un langage plastique immédiat qui ne s’embarrasse d’aucune circonlocution et qui use de signes repérables par tous. En même temps, l’artiste en appelle à toutes sortes de matériaux élémentaires pour élaborer un corpus de travaux qui renvoient tant à l’actualité qu’aux mythes et aux contes et légendes, tant au monde réel qu’à de mini théâtres imaginaires, dans une relation dialectique prospective entre l’art et la vie.
Toguo appartient à cette qualité d’artistes qui demeurent persuadés que celui-ci peut changer celle-ci. Non en se cantonnant dans une tour d’ivoire et en s’inventant des modes opératoires magiques mais en arpentant le globe, en allant sur le terrain à la rencontre des autres, en intégrant leurs préoccupations et en les assimilant au cœur de sa création. De Sarajevo au Nigeria, de la place Tarir à la place Maidan du nord au sud, d’est en ouest, Toguo ne cesse de parcourir la planète. Un jour en Corée, un autre au Brésil, une fois à Paris où il s’est installé depuis près de vingt ans, une autre à Bandjoun, chez lui au Cameroun, où il a créé une double entité de centre d’art et d’exploitation agricole : partout où il se pose, il travaille, il transforme les lieux où il intervient en ateliers éphémères, s’adaptant à toutes les situations. A-t-il choisi de présenter toute une série de sculptures en bois en forme de gros tampons administratifs gravés d’un mot définitif ? Il parachève son travail sur place quitte à retailler telle ou telle pièce à grand renfort de tronçonneuse, à en créer de nouvelles plus adaptées au contexte où il se trouve, à réaliser tout un lot de nouveaux monotypes à partir de ceux-ci. Barthélémy Toguo n’a pas son pareil pour composer entre le local et le global. Il sait trop combien l’un est en l’autre, et vice-versa, que la vie est faite de leur osmose et qu’il y va de la responsabilité de l’homme d’en préserver l’équilibre pour assurer sa survie. De celle de l’artiste, aussi.

Philippe Piguet,
Critique d’art.

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